Crise iranienne, veto contre la Palestine à l'ONU : Washington perd pied au Moyen-Orient

Crise iranienne, veto contre la Palestine à l'ONU : Washington perd pied au Moyen-Orient Source: AFP
Les Etats-Unis ont imposé leur veto contre la reconnaissance pleine et entière de la Palestine à l'ONU, le 19 avril 2024.
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Le veto sur la création d’un État palestinien et les frappes israéliennes contre l’Iran sont les signes d’un déclin irréversible du soft power américain, estime le journaliste Bradley Blankenship.

Les prétendues valeurs occidentales, en particulier celles vantées par les États-Unis, se sont depuis longtemps révélées vides et contradictoires. La Déclaration d’indépendance du pays vis-à-vis de la Grande-Bretagne stipule notoirement que «tous les hommes sont créés égaux», ce qui n’a pas empêché les États-Unis d’instituer un système brutal d’esclavage des Africains et de commettre un horrible génocide contre les peuples autochtones d'Amérique.

Consternation face aux justifications américaines

On pourrait toujours affirmer — dans des termes cependant banals  — que les États-Unis se sont trouvés d’une manière ou d’une autre du bon côté de l’histoire à différents moments. Aujourd’hui, les récentes actions de l’administration américaine montrent indéniablement que ce n’est plus le cas. Malgré la position officielle de Washington favorable à la solution à deux États, les États-Unis ont opposé le 19 avril leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui aurait accordé à la Palestine une adhésion à part entière à l’ONU.

Les États-Unis ont expliqué cette décision en affirmant que Washington « continue de soutenir fermement une solution à deux États » et que « le vote ne reflète pas une opposition à la création d’un État palestinien mais constitue plutôt une reconnaissance du fait qu’elle ne viendra que de négociations directes entre les parties [qui sont actuellement en guerre]. » La plupart des pays arabes tout comme de grandes puissances comme la Russie, ont exprimé leur consternation face à cette décision.

Trita Parsi, fondatrice du Conseil national irano-américain et cofondatrice et vice-présidente exécutive du Quincy Institute for Responsable Statecraft a déclaré que Washington avait apparemment fait pression sur ses alliés, l’Équateur, le Japon et la Corée du Sud, afin que l’administration Biden n’ait pas à opposer son veto à la résolution. Ces États n’ont pas obéi. Washington a échoué à utiliser son poids diplomatique pour atteindre son objectif de sauver la face devant le Conseil de sécurité de l’ONU, révélant ainsi sa perte progressive de soft power.

«Vous ne pouvez pas diriger si vous ne savez pas écouter»

Parsi affirme également avoir entendu d’un « diplomate haut placé des pays du Sud » et pro-occidental que « toutes les prétentions angoissées des États-Unis à diriger un soi-disant monde libre ont été publiquement anéanties à la table du Conseil de sécurité de l’ONU ce soir. Vous ne pouvez pas diriger si vous ne savez pas écouter. »

En effet, il est remarquable que les États-Unis aient opposé quatre veto pour le compte d’Israël au cours des sept derniers mois, alors que l’opinion publique nationale et internationale soutient clairement un cessez-le-feu immédiat à Gaza et la reconnaissance de l’État palestinien. Cela montre que le rôle dominant des États-Unis a été publiquement fustigé ; en outre il est clair que le « soutien sans faille » des États-Unis à Israël ne survivra pas jusqu'à la génération suivante, à cause du sentiment de consternation de l’opinion publique, même à l’intérieur des États-Unis.

Biden échoue à empêcher les frappes israéliennes

Jeudi également, Israël a lancé des frappes contre l’Iran en réponse à une attaque de représailles de Téhéran la semaine précédente. Cette dernière répondait aux attaques israéliennes contre le consulat d'Iran à Damas au début du mois qui a tué plusieurs hauts responsables militaires iraniens. Bien que le président Joe Biden ait fait des heures supplémentaires pendant toute la semaine pour dissuader Israël de déclencher une escalade des tensions régionales, et que l’administration ait été informée au préalable des frappes israéliennes, son gouvernement a échoué à les empêcher.

De plus, Israël aurait également bombardé à Bagdad, en Irak, des membres présumés du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) alors que le Premier ministre irakien était à Washington en visite d’État. Il existe également des rapports non confirmés, basés sur des données de vol disponibles au public, selon lesquels un avion ravitailleur militaire américain se trouvait dans l’ouest de l’Irak au moment des attaques israéliennes ce jour-là. Cela soulève la sérieuse question de savoir si la position de Washington, qui affirmait n'aider Israël que sur le plan défensif, a discrètement changé.

Aujourd’hui, le Moyen-Orient est plus proche que jamais d’une guerre régionale en raison de l’échec de la prétendue suprématie américaine, et les contradictions entre les paroles et les actes de Washington ne cessent de s’accentuer. Israël exigerait une extension de son opération terrestre à Gaza jusqu’à Rafah, dernier bastion des Palestiniens dans l’enclave, en échange de ne pas basculer vers une guerre régionale. Étant donné le nombre d’acteurs, les risques de mauvais calcul stratégique sont immenses.

Téhéran se révèle plus responsable que l'Occident

Pourtant, du point de vue iranien, il semble que Téhéran, dont les attaques contre Israël la semaine dernière ont été largement démonstratives, tente de dédramatiser les attaques contre son sol. Cela pourrait offrir une sortie claire du cycle d’escalade — ce qui serait cohérent avec la ligne choisie par l’actuel État iranien depuis des décennies — si vraiment la question de l’attaque contre le consulat de Damas est « close » comme l’ont indiqué des sources officielles iraniennes. Cette victoire considérable pour la sécurité régionale et globale révélerait également que l’Iran, que l’Occident définit comme un « État voyou » est manifestement plus responsable et tourné vers l’avenir que le prétendu leader mondial, les États-Unis.

Quelle que soit l’évolution de la situation au Proche-Orient, il est clair, une fois de plus, que les États-Unis ont abdiqué leur suprématie. L’ensemble de la communauté mondiale discute en détail de la question de Gaza afin de parvenir à une solution pragmatique et réalisable. Pendant ce temps Washington reste sourd à ces appels, ne tiendra pas le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour responsable de ses actions, et est incapable de formuler une stratégie cohérente qui s’alignerait sur ses propres valeurs affichées.

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