L’Algérie demande le rapatriement des sept mineurs après leur traversée vers Ibiza diffusée sur TikTok

Après la diffusion virale sur TikTok d’une traversée illégale vers l’Espagne par sept adolescents algériens, Alger a officiellement demandé leur rapatriement. Cette affaire relance la coopération sécuritaire entre l’Algérie et l’Espagne face au défi croissant de la migration clandestine.
Sept adolescents algériens, dont un âgé de seulement 14 ans, ont quitté clandestinement l’Algérie début septembre à bord d’un hors-bord pour rejoindre l’île espagnole d’Ibiza. Leur traversée, filmée et diffusée sur TikTok, a rapidement enflammé les réseaux sociaux, certaines vidéos atteignant plus de trois millions de vues. Dans une séquence devenue virale, l’un des mineurs s’écrie : « Espagne ! » à leur arrivée sur une plage espagnole, dans une mise en scène qui a suscité autant d’indignation que de préoccupation en Algérie.
Le ministre de l’Intérieur, Saïd Sayoud, a annoncé le 20 octobre, lors d’une rencontre avec son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska, à Alger, que tous les dossiers nécessaires avaient été transmis aux autorités judiciaires espagnoles. Les deux pays sont convenus de « poursuivre les efforts pour le rapatriement des sept mineurs présents en Espagne ».
Les familles des adolescents ont officiellement demandé leur retour ainsi que l’exercice de l’autorité parentale. Certains témoignages indiquent que les jeunes auraient dérobé une embarcation à Tamentfoust, près d’Alger, et stocké du carburant avant de prendre la mer. Toutefois, un militant d’une ONG espagnole a déclaré que l’embarcation avait en réalité été louée par le père de l’un des mineurs, ce qui relativise le caractère improvisé de leur expédition.
Coopération sécuritaire renforcée entre Alger et Madrid
Dans le quartier d’origine des jeunes, des habitants évoquent des frustrations sociales, notamment l’échec scolaire ou le rejet des adolescents par le centre de formation de football local. Face à l’ampleur de l’affaire, l’armée algérienne a qualifié cet acte d’« isolé » et dénoncé une « surexploitation » médiatique visant à nuire à l’image du pays.
L’Algérie insiste sur la nécessité de traiter la migration clandestine comme un « défi commun » avec l’Espagne. Selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Intérieur et relayés par Radio Algérie, plus de 100 000 tentatives de départ ont été déjouées en 2024, et 82 000 migrants ont été rapatriés dans leurs pays d’origine, majoritairement d’Afrique subsaharienne.
D’après Frontex, les traversées clandestines depuis l’Algérie représentent plus de 90 % des 11 791 arrivées recensées en Espagne par la route de la Méditerranée occidentale depuis janvier 2025. Malgré une légère baisse sur un an, l’Algérie demeure le principal point de départ de cette route migratoire.
Un protocole migratoire relancé, une position algérienne claire
La rencontre algéro-espagnole a aussi permis de relancer le protocole bilatéral de coopération, gelé depuis 2022, concernant la migration irrégulière. Cet accord prévoit notamment l’échange d’empreintes et de données biométriques pour l’identification des migrants, ainsi qu’un mécanisme spécifique pour le rapatriement des mineurs.
Saïd Sayoud a rappelé que l’Algérie n’utilise pas la migration clandestine comme un levier de pression politique, contrairement à d’autres pays voisins. L’Espagne a salué l’Algérie comme un « partenaire clé » et s’est engagée à répondre prochainement aux requêtes judiciaires algériennes concernant les mineurs.
Les autorités algériennes soulignent que leurs efforts de lutte contre l’émigration illégale s’inscrivent dans une démarche responsable. À travers ce dossier sensible, Alger renforce sa coopération sécuritaire tout en réaffirmant le respect de ses engagements et de sa souveraineté nationale.