Mahmoud Abbas prépare sa succession et place Hussein al-Cheikh au cœur du pouvoir palestinien
© Getty ImagesMahmoud Abbas a désigné Hussein al-Cheikh comme successeur intérimaire en cas de vacance de la présidence palestinienne. Cette réforme constitutionnelle vise à garantir la continuité du pouvoir et à rassurer les partenaires internationaux. Mais pour beaucoup, elle ne fait que prolonger un statu quo politique rejeté par une majorité de Palestiniens.
Mahmoud Abbas semble vouloir maîtriser sa succession jusqu’au dernier moment. À l’approche de ses 90 ans, le président de l’Autorité palestinienne (AP) a modifié, le 26 octobre, la déclaration constitutionnelle encadrant la transition du pouvoir en cas de vacance de la présidence.
Désormais, en cas de décès ou de retrait, c’est son vice-président au sein du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein al-Cheikh, qui assurera l’intérim pendant 90 jours, le temps d’organiser une élection présidentielle. Une prolongation exceptionnelle pourrait être décidée par le Conseil central palestinien, confirmant le rôle de cet organe comme véritable centre du pouvoir, au détriment du Conseil national palestinien aujourd’hui marginalisé.
Ce changement institutionnel, qui remplace une précédente disposition datant de janvier 2024, vise à garantir une transition sans heurts, mais aussi à verrouiller le système au profit d’un successeur fidèle. Hussein al-Cheikh, conseiller proche d’Abbas et partisan de la coordination sécuritaire avec Israël, est perçu comme un choix de continuité.
Une continuité contestée
Aligné sur la ligne modérée du président, il incarne la volonté de rassurer Israël, Washington et plusieurs capitales arabes, soucieuses d’éviter une percée du Hamas en Cisjordanie. Cette décision s’inscrit dans un contexte de fortes pressions internationales : la communauté occidentale et les pays arabes réclament des réformes profondes de l’Autorité palestinienne, condition nécessaire pour qu’elle puisse prétendre gouverner Gaza après la guerre.
Officiellement, le communiqué diffusé par l’agence WAFA justifie cette réforme au nom de la « séparation des pouvoirs » et de la « transmission pacifique du pouvoir par des élections libres et équitables ». Pourtant, peu de Palestiniens y croient réellement. Depuis les dernières législatives de 2006, remportées par le Hamas, aucun scrutin n’a été organisé, Mahmoud Abbas ayant annulé en 2021 une élection qu’il risquait de perdre.
Le président, affaibli et contesté, reste accusé de corruption, d’autoritarisme et d’immobilisme politique. Quant à Hussein al-Cheikh, son ascension suscite la méfiance : plusieurs factions de l’OLP, dont le FPLP et le FDLP, ont boycotté sa nomination au poste de vice-président, la jugeant illégitime.
Sous des airs de réforme institutionnelle, la décision d’Abbas ressemble donc davantage à un passage de relais soigneusement contrôlé qu’à une réelle ouverture démocratique. En préparant sa succession, le raïs palestinien tente surtout d’assurer la survie d’un système dont il reste le pilier.